mardi 4 septembre 2012

AEF.INFO se penche sur le décollage de RSO francophones...

Poursuivant notre exploration des enjeux liés aux dimensions interculturelles de la Responsabilité sociétale des organisations, nous vous proposons aujourd’hui la retranscription de l'interview de Patrick-M. TOUITOU, coordinateur du réseau RSO francophones, dont nous avons annoncé le lancement le 15 juin dernier. Cet article est paru le 1er août sur le site de l'agence de presse AEF.info, spécialisée dans l’information sur le développement durable (accès payant).


Alors que le monde entier applaudit le décollage de l'Afrique, n'est-il pas temps de partager aussi son héritage éthique ?
(Illustration : Alain Bachellier)



Le réseau « RSO francophones » se lance sur le thème de « l'interculturalité de la responsabilité sociétale des organisations »

 « Notre conception de la RSE n'est pas tout à fait liée à l'environnement, mais plutôt à l'humain », déclare vendredi 13 juillet 2012 à AEF Développement durable Patrick-M. Touitou, président de l'agence de conseil en communication sociétale Les Jardins de la Cité. « RSO francophones », « premier réseau ouvert sur l'interculturalité de la responsabilité sociétale des organisations dans l'espace francophone », est officiellement lancé le 15 juin 2012 en présence des fondateurs et partenaires : la Fondation Agir contre l'exclusion, présidée par Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez, Les Jardins de la Cité, et la chaîne de télévision TV5MONDE. Premier champ de réflexion et d'action du « mouvement » : le règlement alternatif des litiges par la pratique coutumière du « médiateur », explique Patrick-M. Touitou. Il revient pour AEF sur les buts du nouveau réseau international, et son articulation avec les structures qui le portent.

AEF : Quel est le but de « RSO francophones » ?


Patrick-M. Touitou : Ce mouvement a pour ambition de développer les pratiques responsables dans les organisations de l'espace francophone, en étudiant celles spécifiques à chaque territoire : au Sénégal, au Maroc, en France, au Canada! de manière à créer un espace interculturel de promotion et d'échanges. L'initiative est créée notamment pour concrétiser et développer les propositions (1) faites dans le livre blanc « Les Responsabilités sociétales des entreprises en Afrique francophone » publié en septembre 2011, auquel nous avons contribué.


AEF : Quel est votre premier chantier d'action et de réflexion ?


Patrick-M. Touitou :
Nous voulons mettre l'accent sur la pratique responsable de la « médiation » en Afrique francophone et en France. Quand il y a un conflit du travail, dans les organisations ou les filiales africaines, celui-ci peut se régler via des médiateurs, qui au contraire des représentants des organisations syndicales, n'apparaissent pas dans les organigrammes. C'est une personne à l'extérieur de l'entreprise et dont la notoriété dépend de sa place dans la communauté civile, religieuse, ethnique, qui va faire du lien social, de manière informelle. Nous cherchons à légitimer ces pratiques coutumières de règlement alternatif de litige.

Dès le mois d'octobre, nous projetons d'organiser des formations interculturelles à la RSO (responsabilité sociétale des organisations) en Afrique auprès des entreprises et autres organisations membres du mouvement, ainsi que des ateliers en Afrique de l'Ouest et au Maghreb autour de la question de la médiation.


AEF : RSO francophones est présentée comme un « mouvement », un « réseau » : s'agit-il d'une association loi 1901 dont les statuts sont déposés ?

Patrick-M. Touitou : Le réseau est porté par une association nommée « L'observatoire de la diversité en entreprise ». Cette association a pour président Stéphane Philip, spécialiste en audit RH et relations avec les parties prenantes, pour secrétaire Khalid Hamdani [ancien membre du Haut conseil à l'Intégration], et pour trésorier François Bellami. Plusieurs entreprises en sont adhérentes ou le seront très bientôt : Cosumar [groupe d'extraction, raffinage et conditionnement du sucre au Maroc], Managem, [groupe minier et hydrométallurgique marocain], GDF Suez, Sodexo, la Caisse des dépôts et consignations, Essilor, Orange bientôt. Un comité d'experts est par ailleurs en construction, sous la houlette Alexandre Wong, sociologue et chercheur au CNRS, et sera officialisé à la rentrée.

AEF : Combien doit payer une entreprise pour être adhérente?


Patrick-M. Touitou :
Le droit d'adhésion est de 20 000 euros. Nous démarrons aujourd'hui avec un capital de 100 000 euros.

AEF : Vous êtes par ailleurs directeur de l'agence de conseil aux entreprises en matière de responsabilité sociétale « Les Jardins de la Cité ». Quelle est son activité et quelle articulation entre l'association et le cabinet de conseil ?

Patrick-M. Touitou : Le cabinet est à la croisée des chemins entre une agence de conseil et une agence de communication. Notre conception de la RSE n'est pas tout à fait liée à l'environnement, mais plutôt à l'humain. Dans une entreprise, ce qui fait sa richesse ce sont les hommes,et nous travaillons notamment sur la diversité. Nos clients sont tant des entreprises telles que Vinci, EADS, Areva, que des collectivités locales telles que la mairie de Lyon, ou de Paris. Ce que nous préconisons est de faire un lourd travail en interne et de communiquer seulement si nécessaire à l'externe.

Quant à l'articulation entre le cabinet et l'association, les clients des Jardins de la Cité ne sont pas les adhérents de l'association, ce ne sont pas les mêmes entreprises, il n'y a pas de confusion des genres.

AEF : Vous évoquez le projet de réaliser des formations auprès d'entreprises francophones à la rentrée, sur la médiation. Les formations organisées sont-elles gratuites ? Sont-elles facturées par l'agence de conseil Les Jardins de la Cité ?

Patrick-M. Touitou :
Ces formations sont intégrées dans l'adhésion des entreprises à l'association. Elles sont réalisées en collaboration avec le cabinet de conseil, accompagné d'un expert sur place. Ainsi, si la formation a lieu dans une entreprise marocaine, elle se fera avec des consultants des Jardins de la Cité d'une part, et un expert en RSE marocain d'autre part, identifié grâce au réseau francophone de chercheurs que nous comptons mettre en place.

AEF : Quelle articulation entre l'association et la Face (Fondation Agir contre l'exclusion), annoncée comme partenaire du mouvement ?

Patrick-M. Touitou : La fondation compte un réseau de 4 000 entreprises adhérentes. Dans le cadre de « RSO francophones
», l'idée est d'allier notre réseau d'experts au réseau international des clubs Face présents en Tunisie, au Canada, prochainement au Maroc et au Gabon, sans pour autant être rattaché à un club ou à un territoire défini. Cela va dans le sens du projet du président de la fondation Gérard Mestrallet, par ailleurs PDG de GDF Suez, qui est d'internationaliser la fondation. Celle-ci compte notamment organiser une université d'été en 2013 sur le thème de la médiation.

AEF : La fondation, reconnue d'intérêt général, finance-t-elle l'association ? Les entreprises adhérant à l'association peuvent-elles bénéficier de l'avantage fiscal inhérent à une fondation d'intérêt général ?


Patrick-M. Touitou : Après discussion avec notre partenaire Face, l'association porte une convention concernant un partenariat de mécénat. Si une entreprise souhaite bénéficier de l'aide fiscale liée au mécénat nous pourrons établir une convention « spécifique » Face. A l'heure actuelle toutefois, la tendance de cette aide fiscale est à la baisse et nous pensons que le montant de l'adhésion n'incite pas nos entreprises à faire cette demande.

Nos projets concernant le mouvement « RSO francophones » sont uniquement réalisés sur les deniers de l'association : en ce sens, la fondation Face ne finance pas l'association.

(1) Ces propositions/chantiers sont au nombre de sept : « transmettre les expertises interculturelles », « révéler les bonnes pratiques », « adapter les normes RSE » en « tenant compte des différences culturelles qui caractérisent le fonctionnement des organisations francophones », « promouvoir les modèles économiques responsables », « favoriser l'innovation sociétale », « sensibiliser les responsables économiques et scientifiques », « médiatiser les initiatives responsables ».